Oskar Freysinger ou le courage des pleutres

Oskar Freysinger a donné une interview à un journal turc où il remet en cause le génocide Arménien. La semaine dernière, le même Freysinger avait publié sur sa page facebook un texte qui dénonçait les dépenses exorbitantes de l’Etat du Valais pour ses prisons et la non-application de l’initiative sur les criminels étrangers: si on expulsait les criminels étrangers, on aurait plus d’argent pour l’éducation de nos petiots:

“Avec 30 criminels en moins, le service de l’enseignement pourrait engager 25 enseignants du primaire à plein temps et ouvrir presqu’autant de classes. J’en arrive à la conclusion que c’est moins l’argent qui manque en Suisse que le courage de certains politiciens d’appliquer la volonté du peuple”.

2738 “likes”, plus de 1000 partages. “Vous avez bien raison” “qu’on les renvoie”, “Y’en a marre”.

Je ne sais pas si les propos d’Oskar Freysinger ont été fidèlement retranscrits concernant le génocide Arménien, mais je peux m’imaginer que dans sa quête éperdue de publicité, il a fait ces déclarations principalement pour plaire aux journalistes d’un pays ou l’opinion publique et le gouvernement ne veulent pas entendre parler du génocide arménien. Ce qui est intéressant c’est que Freysinger parle du manque de “courage” de la classe politique pour renvoyer les criminels étrangers, alors qu’il sait que cette mesure est en fait probablement très populaire auprès de l’électorat. Personne n’aime les violeurs et les voleurs, surtout s’ils sont étrangers. Mais quelle attitude demande le plus de courage: prendre une mesure très populaire mais qui peut contrevenir a l’Etat de droit, ou défendre les principes du droit et de l’égalité de traitement même contre l’avis de la majorité? Pour ma part, je pense que c’est la seconde. Ce qui rendait le combat de Michel Foucault pour les droits des prisonniers admirable, c’est qu’il avait pour but de s’assurer que les principes de l’Etat de droit sont aussi respectés pour les groupes sociaux que tout le monde déteste et veut voir souffrir. Je n’aime pas les assassins et les violeurs mais je suis contre la peine de mort et pour des conditions décentes dans les prisons parce que nous vivons dans un État de droit. Trahir ces principes, c’est s’abaisser au niveau de ceux que l’on punit.

Ce qui est intéressant c’est que les politiciens qui dénoncent le manque de “courage” de la classe politique face au peuple sont toujours ceux qui courbent l’échine devant les puissants ou les gouvernements étrangers, en particuliers ceux qui ont des problèmes avec les droits de l’homme: Freysinger devant le gouvernement et l’opinion publique turque, ou Blocher au temps de l’apartheid. Quel courage, qu’ils démontrent aussi quotidiennement en tapant sur les immigrants, les prisonniers, les musulmans. Des groupes politiquement puissants, qui comme chacun sait, sont acoquinés avec le pouvoir. Le propre du populisme est de présenter la couardise comme du courage.

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